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Tribulations au Royaume de Cathay
7 juillet 2009

A la cour des miracles

Depuis mes déboires chez le docteur Sun, je suis revenue à la médecine occidentale, qui coûte plus cher mais fait moins mal. Aujourd'hui, pour dépenser une grande partie de mon salaire mensuel, je suis allée faire faire un IRM. Comme la clinique internationale ne dispose pas d'installations à cet effet, elle prend les rendez-vous pour les patients dans des hôpitaux publics pékinois.
Je pars donc à l'autre bout de Pékin, accompagnée par une infirmière, direction l'hôpital n°403. J'avais déjà remarqué cette tendance à numéroter les établissements scolaires, je découvre que la même mode existe pour les hôpitaux.

Mes premiers pas dans le hall de l'hôpital me rappellent une gare du centre de New Delhi ou un foyer d'accueil pour SDF aux heures de pointes. Des gens trainent, fument, attendent assis par terre. Des malades sur des brancards attendent, la plupart inconscients. Un hôtesse en blouse blanche rebrodée de manches ballons roses donne des renseignements.

On me fait patienter dans un couloir près des ascenseurs. Des ouvriers viennent d'arriver pour réparer l'un des deux, créant un embouteillage de fauteuils roulants et de brancards. Jamais vu autant de brancards de ma vie, même à l'hôpital. Il n'y a pas d'infirmiers pour pousser les brancards, la famille entoure le lit et se charge de déplacer le patient. En revanche, les infirmiers sont venus aider les ouvriers à réparer l'ascenseur malade. Après avoir réparé l'appareil, ils laisseront des plastiques d'emballage et des mouchoirs sales par terre au milieu du couloir de l'hôpital. Un petit balayeur passera 20 minutes plus tard enlever tout ça.

On ne trouve pas ici comme en France des cabinets médicaux pour les médecins généralistes ou de Centres d'imagerie médicale qui recoivent sur rendez-vous. Le rhume, la peste, l'urticaire ou la brûlure à l'huile bouillante : c'est l'hôpital. Du coup, on retrouve dans la salle d'attente de l'IRM tout et n'importe quoi : des vieux qui viennent de tomber, des vieux qui sont tombés il y a longtemps, un petit garçon de 10 ans qui a visiblement cogné très fort sa tête et a perdu connaissance, un petit garçon trisomique, une étrangère qui a mal au dos, et d'autres qui ne portent pas sur leur visage le nom de leur maladie. J'accepte de laisser passer devant moi le petit garçon évanoui. Sa mère le tient allongé sur ses genoux depuis un bon moment. Lorsque vient son tour, ses parents le portent péniblement en piétinant jusqu'à la salle d'examen. Avec tous les brancards qui circulent dans ces couloirs, on aurait pu lui en donner un.

Le petit garçon trisomique est très turbulent. Mais on ne l'entend pas tellement, parce que ses cris sont couverts par les sonneries de portables, les appels au micro pour "le scanner suivant", les piallements des familles autour des malades. Ah ! La famille ! Personne ici visiblement ne vient seul faire des examens. Un jeune gendarme est venu avec 6 collègues. Un vieux en corset avec sa femme, deux de ses enfants, son gendre et sa belle fille. Le petit garçon sonné avec ses deux parents, pareil pour le petit trisomique. Une dame avec sa fille et son mari. Moi avec une infirmière. Un médecin désabusé passe en trainant les pieds chaussés de tongs de piscine. Le petit garçon trisomique a entrepris de lécher une porte. Après une heure d'attente pour l'impression des images, je quitte enfin le bruit et la poussière. Le petit garçon est troujours inconscient, allongé en travers de deux chaises de salle d'attente.

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Commentaires
T
mon âme est triste...J'espérais surtout des descriptions de foules dument enlunettées, tournées, comme un champ de tournesol, vers le même point du ciel, la fameuse grande place investie pour la circonstance, par une religieuse et superstitieuse attente, sans compter je ne sais quelles cérémonies, à titre d'"anti-poison", puisqu'il parait que les éclipses sont plutôt ressenties comme peu propices, de fâcheux augures...Bref...Pas de suicides collectifs, de sacrifices rituels, que...Que...Des fades nu-a-ges...Làs, mon âme est trite !!!
M
Tu vas être déçu Tom, si tu veux que je parle de l'éclipse : on n'a rien vu du tout !<br /> L'été à Pékin, c'est grisaille, chaleur et brouillard lourd. Le jour de l'éclipse on a regardé... les nuages !
T
le plaisir d'un petit "reportage-maison" autour d'une certaine éclipse ???<br /> Mystère.....
H
Heureux de voir que ce blog est encore en vie! Bravo et bonne continuation!<br /> biz des pays-bas (admire le beau drapeau dans tes statistiques)
M
Ben non, pas dans l'hopital ! C'était une surprise pour moi aussi ! (une bonne surprise)
Tribulations au Royaume de Cathay
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