Je ne suis pas une très mauvaise cuisinière, mais, par soucis de ne pas gaspiller, j’ai toujours suivi les recettes à la lettre. Je ne jette jamais rien, alors si c'est pour se forcer à finir, autant ne pas prendre de risques. C'est ce qui m’a longtemps empêchée (et aujourd'hui encore) de cuisiner chinois puisqu’il manquait toujours dans ma cuisine un élément « essentiel » : sauce de soja claire, poivre du Sichuan, pattes de poulets, vessies de poisson… ou encore japonais : shiitakés, gingembre mariné, etc. C'est depuis lors que je ne cuisine que marocain, et encore, pas les pâtisseries. Hem.
Mais depuis quelques temps, je suis très frustrée par la vie non créative que je mène, soit par manque de temps (pas de travaux d’aiguilles, pas d’écritures de nouvelles, pas de carnet de voyage…), ou de dos (pas de danse, pas de yoga, pas de cheval –bon, ok, je ne crée pas grand-chose à cheval, à part des chutes).
J’ai créé un blog et, de temps en temps, je crée un article à mettre dessus ; je crée un mémoire de master –dans ma tête pour l’instant-, et je crée des Powerpoint pour mon patron –mais pas souvent. Et des éditos pour des magazines énergétiques, mais ça ne suffit pas à m’épanouir (qui l’eut cru ?).
Ce facteur « frustration » s’est conjugué depuis
quelques mois avec le facteur « livraison de 4kg de légumes bios à
domicile pendant 1 an, et tu peux toujours crever pour choisir les légumes que
tu préfères».
Voilà un bon challenge pour ma créativité.
D’abord, ça m’a obligée à cuisiner midi et soir, parce que 4kg, croyez-moi, quand on est seul, c'est pas facile à écouler. Et on ne peut pas toujours aller taper chez ses voisins pour leur offrir du céleri (« encore du céleri ?! »).
C'est comme ça qu’est apparue ma passion pour le bento, qui m’a permis de retrouver des émotions d’enfance quand je jouais à la dînette, de devenir végétarienne même le midi, de manger au mois 2 kilos supplémentaires de légumes et d’alléger mon budget. Sauf quand je me mets à acheter des accessoires bento.
Bento de la semaine dernière : petite girafe en plastique dans une steppe de haricots bicolores vapeur au gingembre et leur mini-container de sauce en forme de cerise / onigiris au saumon et au fromage/ fleurs de carottes/ lit d'épinard/ mochi au sésame
Mais (car il y a un mais), ces passions cuisinières sont freinées par des obstacles insurmontables –ou presque : les ustensiles. Celui qui me manque le plus, et je sais que certains compatissent, c'est le four. Plus de cookies, plus de rochers à la noix de coco, de tartes au citron, de gratins d’aubergine, de moussakas, de daurades rôties, de caissettes d’épinards au chèvre, de maquereaux à la moutarde, de crumbles. C'est fini. Tu prends ton wok et tu te tais. Allez tenter la cuisine française dans ces conditions. Un nouveau challenge pour ma créativité. Pour limiter la difficulté de l’exercice, j’ai quand même investit dans quelques pièces maîtresses pour la cuisine : un blender et un rice cooker, ainsi que 2 fourchettes et un couteau Ikéa bien mérité. Pour le reste : faire avec les moyens du bord.
J’ai tout de suite fondé de grands espoirs dans le rice cooker, vu les mérites qu’on lui vante. Les trois points essentiels à résoudre étant : varier les manières de manger mes légumes ; trouver des desserts qui cuisent sans four ; remplacer les aliments introuvables à Pékin (ou trop chers, ou trop bizarres, ou trop pas bios, ou trop plein de mélamine).
Bref, toute cette introduction de trois pages pour vous présenter le "menu-expérimentation" du jour : risotto carotte-potimarron, truffes de Noël au chocolat et pain maison.
Risotto sino-japonais à la carotte et au potimarron, sans potimarron (inpiré du Marie-Claire Idées de septembre 2008):
- un verre de riz Arborio ou Carnaroli à sushi parce que
vous n’avez que ça
- du potimarron de la courge chinoise parce qu’il faut la
finir
- des carottes
- de l’oignon (y en a plus)
- de l’huile d’olive
- du safran
- du vin blanc
- de la crème fraîche du soja cuisine
- un jaune d’oeuf
- du parmesan
- du bouillon de poule
- sel et poivre
Couper la courge chinoise et les carottes en julienne (ou
tout autre prénom féminin de votre choix).
Faites revenir le riz à sushi dans
de l’huile d’olive pour favoriser le mélange des cultures. N'écoutez surtout
pas la recette qui dit qu’il faut une casserole à fond épais ou une petite
cocotte en fonte, vous n’avez qu’un fait-tout. Ajouter les légumes, puis
mouillez avec le bouillon, sans passer par la case vin blanc, ni toucher 20 000
yuan.
Quand le mélange est tendre, retirez-le du feu et arrosez d’un faux roux bricolé avec du jaune d’œuf et du soja cuisine.
On notera grâce à cette image que l’avantage majeur du
risotto est qu’il vous permet d’utiliser un brin de céleri. Plus que 800 g à
écouler.
Truffes de Noël anti-diplomatiques sans fouet et sans reproche (découvertes chez La bouche pleine) :
- du chocolat noir ramené de France par Amélie
- du soja cuisine ramené de France par Amélie
- du beurre qu’Amélie vous a demandé d’acheter pour ses tartines
- du chocolat amer abandonné par Anne dans son déménagement
L’ingrédient majeur de cette recette étant Amélie, cette recette est peu accessible aux novices. Et impossible à réaliser si vous n’avez pas d’amis.
Faire fondre le chocolat au bain MaRong, porter la crème à ébullition et la verser sur le chocolat tout en fouettant vivement le mélange. Pour manifester votre soutien à la cérémonie chinoise du thé, envenimer les relations sino-japonaises et surtout parce que vous n’avez pas de fouet de cuisine, utilisez un fouet en bambou spécial Matcha thé vert en poudre.
Ajouter le beurre coupé en petits dés, mélanger, laisser refroidir. Ne mangez
pas tout en léchant la cuillère. Mettre au frais pendant plusieurs heures, le
temps que le mélange durcisse.
Prélever de petites noix du mélange chocolaté, les rouler dans le creux des
mains pour former des boules, et les rouler dans du cacao. Faites comme si vous
ne saviez pas que le pralin existe, c'est la stratégie qu’a justement utilisé
votre supermarché quand vous y êtes allée.
Conserver au frais.
Pain maison cuit au rice cooker (inspiré de cette recette) :
Le pain maison, c'était le truc le plus risqué de la soirée. Sachant que je n’avais jamais fait de pain maison, faire ma première tentative en cuisson rice-cooker était osé. A vrai dire, ça fait des semaines que je cherche sur le web des recettes de gâteaux et de pain cuisant au rice-cooker, mais je n’en ai trouvé aucune. Je me suis donc dit qu’il fallait bien essayer.
- farine
- eau chaude
- huile
- sel
- levure
La difficulté de cette recette consiste à anticiper 3 mois à l’avance lors de votre dernier passage en France que vous allez peut-être avoir envie de faire du pain et que donc il faut acheter de la levure spéciale.
La deuxième difficulté consiste à identifier dans votre supermarché un paquet de farine de
type 55.
Hem. Ou plutôt, non, laissez tomber.
Mélangez tout, malaxez avec amour laissez reposer 1h.
J’ai obtenu une très belle pâte après un long pétrissage qui s’est très bien passé. Mon pâton a levé très sagement, comme s’il avait pressenti que le rice-cooker allait suffisamment m’en faire voir de toutes les couleurs comme ça.
Je ne sais pas comment fonctionne le rice-cooker pour savoir toujours si mon riz est parfaitement cuit ou pas encore. Jusque là, je lui avait attribué des pouvoirs magiques. Mais une fois qu’il a fallu faire cuite mon pâton, sans eau dans le bac, j’aurais bien aimé comprendre scientifiquement comment marche cette machine. J’ai cependant appris qu’on ne peut pas forcer un rice cooker à cuire s’il refuse. A moins que, à l’image de ma machine à laver ou de mon grille pain, celui-ci ait totalement abandonné l’idée d’autonomie. Je comprends pourquoi ils sont appréciés des Chinois.
Après avoir eu recours à l’usage de la force conformément à l’article VII, j’ai finalement accordé l’indépendance au territoire de rice-cooker land. Je l’ai laissé en mode « j’te garde au chaud », ayant abandonné tout espoir d’avoir du pain. Pour moi, c'était un échec cuisant (c'est le cas de le dire). Même si je ne fondais pas de grands espoirs dans la création ex nihilo d’une miche de pain, je pensais que j’arriverais au moins à obtenir un semblant de cuisson.
En réalité, après environ 40 minutes de mode « j’te garde au chaud », le pain a finit par « cuire ». J’ai obtenu une sorte de brioche / de pain de mie qui se laisse manger.
Je ne suis pas sûre de recommencer bientôt, mais c'était une
bonne expérience.
Tartine de pain maison accompagnée de confiture d'abricot au miel, aux amandes effilées et à la cannelle de Mme B.