Ce qu’il manque aux Chinois, c'est la danse contemporaine.
Pas au théâtre, non, car la scène artistique chinoise nous apporte chaque jour plus de merveilles ; mais la danse du quotidien, celle qui fait qu’on se repère dans l’espace.
A 5 ans, dans la salle de danse, on vous apprend à étendre les bras de chaque coté pour vérifier que vous avez suffisamment de distance avec votre voisin. A moduler votre vitesse dans la course et dans la marche. A savoir qu’il y a un autre danseur dans votre dos, à lui faire confiance quand vous lui sautez dans les bras, à le préserver s’il est sur votre trajectoire. Une sensibilité à l’espace, aux espaces, et à l’autre. Même quand on est pas danseur, on a besoin de ces notions : pour conduire prudemment, pour ne pas cogner les gens en marchant dans la rue, pour tenir compte de l’autre dans ses déplacements et ses mouvements.
Ne pas marcher au milieu de la rue au ralenti quand 10 personnes essaient de vous doubler, penser à regarder dans son rétroviseur avant de changer de voie, ne pas marcher sur les pieds de son voisin en faisant la queue, ne pas éborgner un passant en montrant subitement du doigt un pigeon, anticiper un virage ou un freinage à vélo, regarder à droite avant d’ouvrir sa portière au milieu de la route, estimer la taille de sa voiture quand on fait un créneau…
Je suis sûre qu’on pourrait faire une thèse, là-dessus. Savoir si c'est une maladie nationale, un problème d’oreille interne, de champ de vision, de programme scolaire en cours de géographie et de gymnastique… ?
De la part d’une population qui sait trouver le nord dans le désert en pleine nuit, ça m’étonnera toujours.
30 août 2008