Bon, me voilà de retour après une discussion sur le sujet avec ma stagiaire et une autre collègue de bureau (ah! mes collègues de bureau sont extraordinaires!):
Pour He Jingjing, jamais entendu parler d'un mouvement anti-avortement. C'est quelque chose de classique l'avortement, pas de débat sur la question. Et pas de politique gouvernementale d'information sur la contraception. C'est au programme des collèges, mais la pudeur l'emporte toujours. Elle me raconte les cours de biologie où le prof, rouge de honte, demande aux élèves de lire la page relative à la sexualité et s'éclipse de la salle pendant la lecture, pour ne revenir qu'à la fin et embrayer sur un autre sujet. Ou encore les films documentaires passés en cours, si vagues et abstraits que l'on ne comprend pas du tout l'information pratique. Jingjing me dit que certains filles de sa classe du lycée pensaient que l'on pouvait procréer en embrassant un garçon... (elle a 24 ans)
Pas d'information sur la contraception, mais une grande politique de stérilisation chirurgicale, visiblement moins onéreuse que l'information. Je ne connais pas bien le sujet et je ne veux pas dire de bêtises : certains parlent de stérilisation forcée (je veux dire : la femme n'est même pas au courant qu'on la stérilise, elle pense aller à un examen gynécologique classique), d'autres disent que les femmes sont convaincues et donc consentantes à se faire stériliser. Ça ne fait pas beaucoup de différence, mais quand même.
D'après le Figaro, c'est :
1) Pose de stérilet pour les femmes qui ont 1 enfant;
2) Stérilisation pour les femmes qui ont 2 enfants;
3) Avortement forcé pour les femmes enceintes ayant déjà un enfant.
Tout ça dans les campagnes, évidemment. Je ne connais pas la situation dans les villes, mais c'est certainement moins rigide.
Pour moi (interprétation personnelle et sans fondement), la relation est claire : une population non éduquée en ce qui concerne la contraception, et à qui on montre une systématisation du recours à l'avortement et à la stérilisation (en en minimisant les conséquences pour mieux convaincre, de toute évidence...) ne peut qu'avoir recours sans peur à ces méthodes agressives pour le corps.
Jian Liyun ajoute, à propos de la césarienne, que la plupart des femmes préfèrent cette méthode plutôt que l'accouchement naturel, car elle permet de prévoir la date et de réserver son lit à la maternité. J'ai oublié de demander, mais à tous les coups, il doit y avoir une histoire de lune et d'astrologie là-dessous.
De toutes façons, dit-elle, les relations sexuelles avant le mariage sont illégales. Si on respecte la règle mariage/1ers rapports sexuels/1 enfant/stérilisation, nul besoin d'avorter ou d'adopter un moyen de contraception. Ce sont les contrevenants qui ont recours à tout ça.
Dans les faits, on ne va pas en prison pour un rapport sexuel hors mariage. Mais un enfant ne peut être reconnu par l'état civil que si ses deux parents sont mariés et que le père reconnait le bébé. Enfant hors mariage, mère célibataire : enfant inexistant légalement. Je comprends mieux cette obsession du mariage.
Ouf, article épuisant : écrire avec le poing levé (mon poing de femme, évidemment), ça n'est vraiment pas facile. Parce qu'au final, tous ces corps violentés : ce sont des corps de femmes.
28 août 2008