Quelque part dans un train au milieu du Shaanxi. Les hauts parleurs grésillants hurlent du Vivaldi. Une folle envie de tirer sur le violoniste. Il pleut. Le long de la voie ferrée commencent à apparaître les tentes. Les maisons ne sont pas détruites, le séisme n'a pas enseveli les hommes. Mais leurs propres habitations sont prêtes à devenir leurs tombeaux. Alors il y a les tentes. Pas des Quechua du Canal Saint-Martin, pas même celles qu'on voit dans le Sichuan. Des tentes en bouts de bois et en sacs en plastiques. Des morceaux de scotch et de ficelle, des trous bouchés par des emballages alimentaires.
Dans un champ près des tentes, un paysan fait caca. Plus de pudeur, plus de dignité. Une vie de cloportes. Sur des kilomètres, les terriers s'entassent.
Le train s'éloigne. Vivaldi change de saison. Il pleut toujours.
09 juin 2008