Dimanche. Liu Yan me donne les indications en chinois. Elle sait pourtant que je ne comprends pas la moitié de ce qu’elle raconte. Tant pis, je ferai la moitié du travail qu’elle me demande. Les autres palefreniers sont réunis dans l’écurie. La seule différence avec eux, c'est que moi, je ne me fais pas engueuler quand je ne comprends pas. Elle raconte en chinois. De temps en temps, Wang Ye me traduit un peu en anglais, mais je vois bien que, même elle, elle n’a pas tout compris de ce qu’il fallait faire.
Quand je parle en chinois, je pense en français. Quand je parle en allemand, je pense en anglais (depuis quelques temps). Quand je parle en français, je pense en français. Et quand je parle en anglais, heu… j’utilise pas beaucoup mon cerveau.
Et quand on me parle dans une de ces langues, je ne pense plus à rien, je me concentre juste très fort pour essayer de saisir.
Et puis après il y a eu le mélange. Les instructions données en chinois et moitié traduites en anglais, il fallu les restituer aux enfants. 3 Chinois, 2 Allemandes, une Française. « Si tu tiens ta cravache vers le haut, tu fais peur au cheval ». Aïe encore raté. Je l’ai dit en chinois à l’Allemande. Je reprends en allemand. Il manque une bombe à un petit garçon. Il faut que je lui dise d’aller la réclamer à ses parents. Ça ne pardonne pas les enfants. Vous mettez une faute de grammaire dans la phrase, et ils vous regardent comme si vous parliez en hébreu. Satané gosse, tu peux pas faire un effort ?
Il a compris. Apparemment, c'est super drôle quand je dis 帽子. Enfin bon, il l’a mise sa bombe, c'est toujours ça. Ma langue fourche et je jongle péniblement avec ces langues que je connais si bien indépendamment les unes des autres.
Le spectacle s’est bien passé, les enfants sont restés sages. Les parents sont satisfaits. J’ai réussi à faire faire un salut équestre synchronisé à 6 gamins de 3 nationalités différentes. Il y a des petits plaisirs, comme ça.
J’ai travaillé toute la journée. J’ai reçu un t-shirt et 50元. C'est pas de l’intégration, ça ?