Le bruit de la roue avant de mon vélo sur le bitume: celui de l'intro de Death in Vegas dans Lost in Translation. La première tranche de mouton, roulée dans la sauce de sésame et encore hérissée de coriandre et de ciboules, au début du Huguo. Le regard de LiPing quand il me propose de monter son cheval. Les geste de l'Ayi quand elle enlève ses chaussures et nettoie les feuilles du caoutchouc. Les mains de Xiaoxiao quand elle ébouillante la théière. Le visage de HuaShang, qui a forcément du être un mandarin lettré, voire Confucius lui-même, dans une autre vie. Les livreurs du matin, dont les vélos débordent de tas de poireaux, de soja, de papier toilette ou de briques de lait. Mon prénom chinois prononcé par un Chinois. Le mouvement de tête reconnaissant et surpris du serveur quand je dis merci à chaque fois qu'il me ressert du thé. Le supermarché, avec ses produits improbables et inconnus, colorés et suremballés, qui réservent toujours des surprises quand on les achète sans savoir ce que c'est. Le pliage des raviolis, et le suspense pour savoir qui sera celui qui croquera la noisette porte bonheur. Le brouillard sur EMeiShan.