Toujours pas vu le ciel. Trois jours à Pékin, toujours pas de ciel. J'ai vu les nuages, j'ai vu la couche de pollution du haut de mon 15ème étage, j'ai vu la lueur du soleil filtrer à travers l'épaisse couche blanche qui recouvre la ville.

En revanche, j'ai vu une poubelle avec un bac pour les déchets recyclables. Mais on s'est empressé de me dire que c'était pour abuser amuser les touristes qui viendraient aux Jeux Olympiques.

J'ai aussi dit que je voulais faire de l'audit social, mais on m'a répondu que les labels s'achètent, que le commerce équitable n'est qu'une vaste mascarade qui nourrit les angoisses occidentales et les poches du troisième monde, que les agences de rating sont pourries et corrompues et que je le serai aussi.

J'ai dit que j'aimais la cuisine chinoise, on m'a dit qu'elle était transgénique, j'ai dit que j'aimais les Chinois, et on m'a répondu que c'était des tortionnaires mangeurs de chiens et d'opposants qui méritaient le boycott des Jeux. J'ai dit que j'avais un ami chinois et on m'a dit qu'il devait m'apprécier pour ma plastique. J'ai dit que j'étais heureuse d'être là, et on a rit.

Je vais me taire, et garder mes illusions.